Complètement désuète, elle sent bon la naphtaline et les petits sachets de lavande mais seuls les meilleurs candidats en écrivent une. Explications.
Découvrez comment la lettre de motivation, bien que souvent considérée comme obsolète, peut toujours faire la différence dans le processus de recrutement. Comprenez comment une lettre soigneusement rédigée, envoyée après l'entretien, peut captiver l'attention des recruteurs et renforcer l'impact de votre candidature.
Le grand épouvantail de la plupart des candidats que nous rencontrons ! Elle continue d’effrayer, rebuter et déconcerter tout un chacun lorsqu’il s’agit de postuler. Nous soupçonnons même que certains candidats évitent de candidater afin de s’affranchir de la rédaction de cette maudite lettre. Et c’est bien dommage puisqu’elle ne sert strictement à rien…
Complètement désuète, elle sent bon la naphtaline et les petits sachets de lavande et a pour seule vertu de gonfler l’égo des entreprises qui exigent encore ce document. Ce serait du moins sa seule vertu si toutefois elle était lue. Elle ne l’est pratiquement jamais. Pis, elle s’avère si rébarbative à écrire qu’elle pourrait bien davantage se nommer lettre de démotivation pour le malheureux candidat qui saisit sa plume.
Alors, la lettre de motivation, à quoi sert-elle ?
Comme nous l’indiquions en préliminaires, plus à grand-chose. Elle permet d’induire implicitement un rapport de dominant / dominé (n'ayant pas peur des mots) et accessoirement – et ce n’est pas un luxe – d’évaluer une orthographe plus ou moins défaillante.
Autrefois, à la belle époque de l’écriture manuscrite et des candidatures papier, elle servait de support à une analyse graphologique, le plus souvent à l’insu du candidat. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la pratique de la lettre de motivation et de l’étude graphologique associée déclinent autant qu’Internet entre dans les mœurs. La crédibilité que l’on accorde à la graphologie est très discutable et nous n’en parlerons pas ici. Pour autant, l’inutilité de la lettre de motivation ne s’est pas uniquement fait sentir avec la disparition progressive de cette méthode d’évaluation.
Comment voulez-vous être motivé alors que vous ne savez rien – ou presque – de l’entreprise dans laquelle vous vous apprêtez à postuler ?
On peut être motivé par la bande-annonce d’un film, mais avez-vous déjà trouvé une fiche de poste captivante ? Elles se ressemblent toutes, sont insipides, froides et banalement descriptives… Dites-moi où chercher la motivation dans ce genre de littérature ?
Cherchez sur Internet ou dans la presse, vous ne trouverez que des informations fades, sans odeurs ni saveurs, qui vantent l’ouverture, l’esprit d’équipe, l’innovation et le goût d’entreprendre… ah oui, et également la diversité.
Si vous prenez le risque de rédiger un texte avec si peu d’informations de qualité, bon courage ! Même Balzac ou Malraux peineraient dans pareil exercice. D’autant que votre lecteur, si d’aventure il ouvre la fameuse pièce-jointe, ne sera pas conciliant malgré le manque de consistance de ce qu’il vous met sous la dent… Banale, manque d’originalité, « ne sort pas du lot » sont les sobriquets qui qualifient le plus souvent la prose de celui qui se lance dans ce calvaire. Et si par malheur vous osez l’originalité, gare au retour de bâton ! Un ton même légèrement décalé peut venir jeter le trouble sur le sérieux de votre candidature s’il n’est pas du goût de votre lecteur.
Croyez en notre humble avis, abstenez-vous de cet exercice périlleux lors du premier contact qui ne vous récompensera jamais à hauteur de vos efforts. Contentez-vous d’un court email de présentation lors de l’envoi de votre CV en respectant les formules d’usages et le tour est joué !
Mais une lettre de motivation quand même !
Oubliez tout ce que vous venez de lire, les meilleurs candidats écrivent toujours une lettre de motivation !
Et elles sont très souvent du plus bel effet. A la différence de bon nombre de leurs congénères, ces quelques élus ont toutefois le bon goût de l’écrire… après l’entretien.
La nuance se trouve ici. Si nous nions l’utilité de la lettre en amont de l’entretien, nous recommandons au contraire vivement sa rédaction après vos premiers échanges avec votre potentiel futur employeur. Si vous n’aviez que des éléments sommaires avant la rencontre, c’est normalement tout l’inverse une fois que l’on vous a raccompagné à l’accueil. Si vous avez correctement joué votre partition – c’est-à-dire posé des questions et pris des notes (nous ne le répéterons jamais assez) – vous n’avez plus qu’à saisir votre plus belle plume et rédiger une synthèse de vos échanges.
Qu’avez-vous retenu de l’entretien, qu’avez-vous compris du poste, du contexte dans lequel il s’inscrit, et quels sont les enjeux qui lui sont reliés ? Et enfin, comment comptez-vous vous inscrire dans ce nouveau challenge que l’on vous propose ? Quelques mots de remerciements bien sentis pour le temps qui vous a été consacré et la qualité de vos échanges perfectionneront d’autant plus votre ouvrage.
Une lettre claire et construite se compose ainsi d’une introduction d’une ou deux lignes qui restitue vos échanges ainsi que le contexte dans lequel ceux-ci se sont déroulés. À cette ouverture succède ensuite la restitution de vos discussions. Si l’exercice parait simple, il n’en est rien, car il s’agira de traduire la vision de votre(vos) interlocuteur(s) le plus fidèlement possible tout en la condensant au maximum. Votre mission si vous l’acceptez : que votre lecteur se dise : « Il a tout compris ! ».
A cet effet, n’hésitez pas à faire vôtres ses propres expressions. Lorsque vous écoutez le recruteur présenter le poste, l’entreprise et le profil qu’il recherche, soyez assidu et rigoureux dans votre prise de notes. Inscrivez et soulignez les mots-clés qu’il utilise. Pas des périphrases ou des synonymes ; non, ses mots. Réemployés dans votre lettre de remerciement, ils donneront à votre lecteur le sentiment que vous avez parfaitement compris ce qu’il vous a dit puisque ce sont ses mots, ses idées qui se dégagent de votre texte. Employez votre propre style, mais n’oubliez pas d’insérer ses principaux mots clés afin de retranscrire fidèlement ses idées.
C’est grâce au prochain paragraphe que la lettre de motivation prend tout son sens. Ce paragraphe, c’est le vôtre, celui où vous montrez qui vous êtes et pourquoi vous êtes intéressé et intéressant ! Inutile cependant d’en faire trop, ce ne serait pas du meilleur aloi. Comme vous l’avez fait lors de votre entretien – nous y reviendrons, patience, patience – mettez en exergue deux ou trois expériences illustrées d’anecdotes qui valorisent votre capacité à relever le challenge qui vous sera – peut-être – confié. L’essentiel n’est pas là, aussi, ne détaillez pas outre mesure ces pans de votre parcours au risque de vous répéter. En revanche, c’est le moment d’évoquer votre motivation, car si votre interlocuteur a bien fait son travail, motivé, vous l’êtes plutôt deux fois qu’une ! Insistez sur ce qui vous enthousiasme dans les missions proposées et en quoi ces dernières s’inscrivent dans votre projet à long terme.
Enfin, et ce conseil est réservé aux plus habiles d’entre vous, évoquez quelles seraient vos futures actions lors de votre prise de fonction. Pourquoi seulement les plus habiles ? Car il ne faudrait certainement pas que vos suggestions passent pour de l’arrogance ou le fait du prince. Aussi, veillez à employer le conditionnel et quelques formules policées telles que « sous votre direction », ou encore « en accord avec votre vision de l’entreprise ».
Il peut être de bon ton de poser une ou deux questions pertinentes relatives à l’organisation du poste ou de l’entreprise, non seulement pour parfaire votre compréhension du contexte, mais également pour maintenir le dialogue.
Concluez votre lettre par les formules d’usage et surtout, faites-vous relire !
Un dernier conseil pour rédiger votre lettre de motivation
Pour maximiser l’effet de votre prose, envoyez cet email le lendemain, au grand maximum le surlendemain de votre entretien. Cela incitera le recruteur à revenir vers vous d’autant plus rapidement.
La lettre de motivation fait partie intégrante de l’acte de candidature et vous permet non pas de démontrer votre motivation, mais surtout de faire étale de vos capacités rédactionnelles, de synthèse et de prise de recul. A l’instar de la rédaction de votre CV, consacrez-y le temps nécessaire, car un travail bâclé et approximatif aura un effet bien plus négatif que de vous abstenir. Au travers de votre prose, projetez-vous dans ce futur poste et apportez-y votre vision ainsi que votre propre compréhension. Vous vous distinguerez assurément ! À vous de jouer.
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